On aurait parfois tendance à l’oublier, nous qui vivons somme toute assez protégées en France ou au Canada, mais le sort des Femmes dans une société est souvent précaire. Les droits de la moitié de la population peuvent du jour au lendemain être l’objet de modifications, de restrictions, de suppressions… au bon vouloir des gouvernants, obéissant pour certains à leurs croyances religieuses ou tout simplement au « fait du prince ». Cette semaine par exemple, les femmes en Arabie Saoudite on retrouvé le droit de voyager sans un chaperon (!) ; en revanche, le mois dernier, nos sénateurs français ont décidé de ne pas accorder aux femmes 2 semaines de délai supplémentaire pour avorter ; en 2019, les femmes d’Alabama ont quant à elles vu leur droit à l’avortement considérablement restreint.
Je vous rassure, je ne me lance pas dans une tribune fustigeant la réduction des droits à l’avortement ou les décisions des gouvernants masculins s’appliquant uniquement aux femmes. Ceci étant dit, il est cependant difficile de ne pas voir que le pouvoir décisionnaire, majoritairement détenu par des hommes, peut parfois dériver pour faire des femmes des objets de soumission.
Le sujet a été traité de nombreuses fois, dans des essais ou des romans. Celui d’aujourd’hui, Vox, de Christina Dalcher, a pour sous-titre « Quand parler tue ». L’intrigue se déroule aux Etats-Unis, de nos jours ou dans quelques années ; on y retrouve l’atmosphère pestilentielle désormais en place suite à l’élection du président actuel (l’homme aux cheveux orange). Mais les choses ont empiré. Vox, d’après le dictionnaire latin , ce sont les »paroles, mots prononcés par quelqu’un ». Dans cette société, si proche de la nôtre, les droits des femmes à la parole ont été réduit à 100 mots par jour. Au risque de mourir si l’on enfreint les règles.
« Si vous avez lu La Servante Écarlate, de Margaret Atwood, vous aimerez ce livre« , dit en exergue la jaquette du bouquin de Christina Dalcher. Certes. Sauf qu’en lisant La Servante Écarlate, on peut garder espoir, on peut se dire que c’est de la dystopie, que ça n’arrivera pas. Vox, en revanche et malheureusement, on y est presque déjà. Le révérend Carl, le Président, Morgan… tels qu’ils apparaissent dans le livre, existent déjà et ont déjà de grands pouvoirs. En refermant Vox, on se dit comme Jean, la narratrice, qu’il est urgent de prendre la parole et de défendre les droits de tous et de chacun, avant que certains ne se décident à nous en priver.