Constance Debré est une voix, elle n’est même plus que ça. Une voix, authentique, puissante. Par choix ou par survie, elle s’est dépouillée de tout le reste.
J’aime sa voix ; je n’aimerais pas sa vie.
Petite-fille de, Fille de, Femme de, Mère de…. Un jour, elle a dit non. Elle qui n’a pas choisi de naître de cette famille et de ses conventions, elle a choisi de n’être désormais plus qu’une voix. Anarchiste, nihiliste, philosophe, écrivaine : elle vit et écrit le dépouillement jusque dans ses confins, extrême dans cet abandon, dans ses phrases, dans ses actes, elle se déchiquète au fil des mots. Ne reste plus d’elle que la voix, intime, impudique, charnelle, pure et violente, de cette violence que la vie lui a fait.
« Pauvre petite fille riche« , diront certains. « Elle avait tout pur elle mais elle a tout abandonné, même son enfant. Elle ne devait pas être apte au bonheur« . Elle leur répondrait sans doute « merde », ou plus sûrement, elle ne répondra pas. Elle est au-delà. Sa quête est intense, personnelle, sans concession. Incompréhensible pour beaucoup. Lisez-là avant de penser quoi que ce soit.
Je l’ai dit, je n’aimerais pas sa vie, je n’ai pas fait ses choix. Mais au fil de ses pages, je reconnais son aptitude à la vie, je vois son abandon de la peur, son essence, sa vraie naissance.
Que ce soit dans « Play-boy« , « Love Me Tender » ou bien dans son dernier livre, « Nom« , j’entends sa voix, sa puissance. Elle me questionne, elle nous surveille. Pour que nous ne tombions jamais dans l’auto-complaisance. Pour que nous assumions nos choix, quels qu’ils soient. Pour que nous n’oublions jamais de pratiquer au quotidien notre métier de vivre. Sans complaisance. En restant vivants.
C’est bien là le métier des grands écrivains, de nous ramener à l’essentiel, nous rappeler qui nous sommes, ce qui nous anime, nos responsabilités et nos engagements. Notre puissance, notre pureté, nos choix. Notre vie.