Il est des livres dont on passe à côté parce qu’on les a lu trop jeunes. Oui, je sais j’ai déjà dit ça la semaine dernière. Cependant, cette fois-ci, ce n’est pas moi qui l’ai lu trop tôt ; il s’agit de l’avis de nombreux ami.es au Québec. En effet, il semble que Maria Chapdelaine faisait partie des livres obligatoires à lire lorsqu’on passe par le Cegep. Et pour beaucoup, ce ne sont pas de bons souvenirs (pas le Cegep, l’obligation de lire ce livre :)).
De mon côté, je suis arrivée sans a priori devant Maria Chapdelaine, n’ayant pas été contrainte de le lire à 16 ans. Et surtout, je l’ai découvert « dans le sens inverse » si je puis dire. De mon point de vue, un film ne remplace jamais la lecture d’un livre : on passe généralement à côté de l’esprit du livre, les personnages ne sont pas tels qu’on se les était imaginés, bref, c’est la plupart du temps une déception (je parle pour moi, bien sûr). Et bien, c’est totalement faux pour le film Maria Chapdelaine de Sébastien Pilote sorti en 2021, que je ne saurai trop vous conseiller de regarder (je vous ai mis la bande annonce à la fin de l’article). Et pour une fois, c’est le film qui m’a envoyée vers le livre.
Nulle déception entre le film et le livre, les deux m’ont passionnée. Oui, je sais, le mot est fort, pour un livre dont, somme toute, l’action est fort réduite. Aux amateurs de livres (et films) d’action, passez votre chemin. On y suit la vie et l’histoire d’amour de Maria, une jeune fille de 18 ans, au début du siècle dernier, dont la famille de colons déchiffre la forêt, près de la rivière Péribonka, au nord du Lac Saint-Jean au Québec. Maria sera courtisée par trois hommes différents, François, Lorenzo et Eutrope ; chacun lui proposera le mariage mais les sentiments qu’ils lui inspirent sont très différents. La vie se chargera d’orienter son choix.
Maria Chapdelaine, c’est aussi et surtout la découverte de la vie des canadiens-français au début du siècle, dans ces régions du Québec éloignées de tout. Tout y était si difficile, si solitaire, pour celles et ceux devaient affronter la rigueur des hivers québécois et les exigeants travaux d’été.
On a beaucoup reproché à Louis Hémon, auteur français de ce grand roman québécois, d’avoir voulu pasticher la littérature du Québec en utilisant étrangement le français québécois (avec des expressions que je n’ai jamais entendues de ma vie) , en insistant sur l’hiver, la religion, la terre. Ce roman reste cependant un classique de la littérature québécoise. Certes, si l’on cherche une vraie belle écriture québécoise, on sera bien mieux servi en lisant le plus grand auteur du Québec (selon moi), à savoir Michel Tremblay. Il n’en reste pas moins que l’histoire de Maria Chapdelaine et de sa famille nous donne à voir ce qu’était le quotidien (difficile) des québécois au début du siècle.