C’est LE livre de science-fiction à lire absolument. Pour moi, le plus grand (avec Ravage de Barjavel). Et c’est paradoxalement un livre très peu connu.
Robert Silverberg est un auteur réputé et prolifique de science-fiction. Il a écrit plus de cinquante livres et un nombre incalculable de nouvelles. Les Chroniques de Majipoor, ça vous dit quelque chose ? Et bien c’est lui. Je ne vais pas vous faire la liste de ses livres que j’ai lu et aimé, il y en a trop. Mais Les Monades Urbaines, ce fut vraiment pour moi un bouleversement.
Paru en 1971, Les Monades Urbaines est un roman « d’anticipation » comme on disait alors ; il n’a pas pris une ride et je le relis avec passion régulièrement. Qu’est ce qui le rend si spécial, à mes yeux ? D’abord, il y a une nouvelle vision architecturale et urbanistique. Puis on y parle d’humanité, qui lutte entre son penchant naturel à l’expansion et les limites planétaires. Mais aussi, de relations humaines, d’amour, de jalousie. De hiérarchie entre les humains. Du besoin fondamental de liberté, d’évasion, de rêves.
Nous sommes en 2381 : une monade, c’est une tour de 3000 mètres de haut qui abrite 800.000 personnes chacune. Les monades sont divisées en cités de 40 étages, lesquelles sont nommées d’après les anciennes villes (Reykjavik, Paris, Louisville…). Il y a une hierarchie, on ne vit pas où on veut dans une monade. Hiérarchie qu’il faut respecter. Au sein d’une monade, la jalousie est abolie, la sexualité, partagée, on fait des enfants autant qu’on peut. On est heureux.
Mais parfois un grain de sable fait dérailler la machine. Il est présent de manière innée en certains, ou se développe dans l’esprit d’un autre, pour peu qu’il ait soudain un peu d’espace pour réfléchir. Mais la société des Monades Urbaines ne peut pas laisser un individu, quel qu’il soit, remettre en cause ses fondements. Devenir un « anomo », un déviant, conduira à « dévaler la chute ».
En cherchant des images pour illustrer cet article, j’ai trouvé justement un architecte, Gaëtan Le Penhuel & Associés Architectes, qui avait imaginé une Monade Urbaine dans le cadre du projet du Grand Paris. Bien sûr, la présentation de son projet (dont le lien se trouve ici) se concentre uniquement sur les aspects « architecture » et « urbanisme » et non sur l’incidence que cette monade aurait sur la vie quotidienne des ses habitants. J’y vois d’autant plus l’urgence de lire Les Monades Urbaines, afin que l’on soit vigilant à ne pas construire ce monde si parfait où les humains sont si peu heureux.