Celles et ceux qui ont un jour voulu un enfant et ont eu la chance d’en avoir savent que l’arrivée d’un enfant est toute une aventure, un réel chamboulement. Notre vie qui juste là était centrée sur nous-même, « Me, Myself and I » se voit bouleversée de bout en bout par l’arrivée d’un petit être humain d’environ 3 kgs. A partir de ce moment, notre vie ne sera plus jamais la même. Nos actions vont se recentrer autour de cet enfant, de son bien-être, de ses attentes. Nous le regarderons vivre, respirer, sourire ou pleurer, courir et dormir, grandir en somme. Et nous commencerons à projeter, à imaginer, à souhaiter, à espérer ce que sera sa vie, quand il ou elle deviendra grand/grande. En oubliant que la crevette de 3 kgs aura un jour 16 ans, des souhaits bien personnels et fera des choix bien différents de ceux que l’on avait pu imaginer.
C’est une bien longue introduction, je m’en excuse. Mais le livre d’Astrid Eliard, La dernière fois que j’ai vu Adèle, évoque justement ce qui se passe quand le bébé de 16 ans se révèle un être tout à fait différent de ce que l’on avait pu imaginer. Adèle un jour n’est plus dans sa chambre, n’est plus joignable sur son portable. Adèle a fait un choix radical, violent forcément pour ses parents qui n’ont rien vu venir, violent pour son frère, ses amis, pour la société tout entière.
Quelles sont les motivations d’une jeune fille de 16 ans qui, un jour, rejette en bloc son éducation, sa famille, sa petite vie confortable et pose un acte d’une violence inouïe, en contradiction avec tout ce qui lui a été inculqué jusque là ? Quels chemins, quels accidents de parcours l’ont conduit à poser ce type d’acte ? Quelles responsabilités portons-nous en tant que parents dans les décisions et les choix de nos enfants ? Comment répondre à l’immense « Pourquoi » qui envahit alors les jours et les nuits de chacun des proches de ces adolescents ? Comment continuer à vivre quand son enfant a choisi l’inverse de ce qu’on lui offrait ? Comment pardonner, le faut-il d’ailleurs ?
Astrid Eliard offre dans son roman non pas des réponses toutes faites mais nous permet de nous interroger et d’essayer de comprendre dans la mesure du possible. C’est un roman qui reflète la vie de certains parents et de jeunes d’aujourd’hui. Et comme tout bon roman, La dernière fois que j’ai vu Adèle nous décentre un peu de nos certitudes, de notre quotidien en nous offrant la possibilité de nous mettre à la place de chacun des protagonistes pour, à la fin, essayer d’un peu mieux les comprendre.