C’est un roman-récit : un roman car l’histoire est romancée ; un récit, car cette histoire s’appuie sur la vie de Francine Ruel, sa vie et celle de son fils. Dans le roman, ce fils, « Arnaud », est itinérant (SDF), il est drogué surtout, et à plus de 40 ans, il est toujours dans cette vie en eaux troubles. Une hésitation entre la vie d’un enfant-adolescent qui ne refuse de faire des choix et un vieillard que cette vie d’addiction tue peu à peu.
Cette vie qui, pour nous qui sommes si bien intégrés dans la société, (un travail, une maison, des enfants, des amis, des week-ends à la campagne et des vacances à la mer) n’est pas une vie, peut se révéler être un choix de vie. Un choix malgré-eux, un choix par défaut, mais un choix quand même.
Je n’ai pas grand chose à écrire sur cette histoire, si ce n’est d’inciter à la lire, si ce n’est d’avouer qu’elle me touche personnellement. Francine Ruel a mis des mots là où parfois on ne sais pas en mettre, quand un membre de la famille est confronté à cette vie si difficile.
Francine Ruel a mis des mots sur la douleur qui habite les proches de ces gens-là, ceux qui ont fait des choix différents et que l’on ne comprend pas. Elle a mis des mots sur l’impuissance que l’on ressent. Sur la peur et la honte qui parfois nous habite. En lisant « Anna et l’enfant-vieillard« , j’ai mieux compris sa douleur de mère, ses efforts et les compromis pour tenter de « sauver » son enfant, lui qui ne souhaite pas forcément l’être -ou du moins, pas par elle.
On ne peut pas sauver ceux qui ne veulent pas l’être. On peut juste apprendre à vivre avec leurs choix qui ne sont pas les nôtres et tenter de les accompagner dans cette vie, du mieux possible.