Avoir une mère, l’aimer, la vénérer, la regarder vivre, essayer de s’en éloigner et un jour, la perdre, c’est le thème du livre de Violaine Huisman, « Fugitive parce que reine » . Nous sommes tous, ou pratiquement tous (et c’est là notre chance) confrontés à cette succession d’événements tout au long de notre vie. C’est ce qui nous construit ou nous détruit, tout entier ou en partie. C’est ce qui fait qui nous sommes, ce qui parfois nous poursuit ou nous remplit.
Fugitive parce que reine raconte Catherine, ses filles, sa mère, ses maris, ses amant(e)s, sa vie bousculée mais tellement vivante. Cela raconte l’amour surtout, de filles pour leur mère, d’hommes et de femmes entre eux, de parents pour leurs enfants : l’amour compliqué, l’amour crié, l’amour qui s’engueule, qui se quitte, qui se détruit, l’amour qui essaie, y croit, rate parfois, recommence sans cesse. L’amour dans toute sa complexité, sa maladresse, ses décalages. C’est puissant, c’est intense, c’est la vie toute entière.
Violaine Huisman écrit sans pudibonderie mais avec une immense pudeur cette mère immense, puissante, folle et passionnée. Rarement j’ai été aussi (em)portée par un livre ; rarement, je me suis sentie une telle connexion avec l’auteur. J’ai aimé son écriture, douce pour une histoire violente, franche tout en restant pure comme est pur l’amour d’un enfant pour sa mère.
Avoir la chance (ou le malheur, selon les jours ! ) d’avoir une mère totalement libre, à la fois insoumise, forte et faible, en faire sa reine. Ce livre me fait prendre conscience de la puissance de ces femmes. Je savais la douleur de vivre dans leur sillage, je mesure aussi en lisant « Fugitive parce que reine » la liberté d’être que ces femmes ont offert à leur entourage.
Violaine Huisman nous raconte sa mère. A travers elle, nous retrouvons peut-être chacun un bout de la nôtre. De ses travers, ses excès, sa démence parfois, je n’ai retenu que l’amour qui parfois prend des chemins alternatifs pour exister.