Non, il ne s’agit pas d’une étude biblique, ni de musique, ni d’un film d’ailleurs, puisqu’ici on parle de livres. « Suis-je le gardien de mon frère ? », c’est John Edgar Wideman, un auteur américain, Afro-Américain ce qui donne une tonalité à son écriture, et il est ma découverte de la semaine, voire de l’année.
Tout d’abord, quelques mots de présentation. Comme j’ai pu l’écrire auparavant, je suis une (très) grande lectrice. De ce fait, je suis d’assez près l’actualité littéraire, je choisis des auteurs et des livres à lire maintenant ou à garder pour plus tard. Evidemment, je ne connais pas tout sur tout, certains genres resteront pour moi définitivement inconnus (certains, par choix) mais je pense faire partie des amateurs « éclairés » quand on parle littérature contemporaine francophone et anglophone.
Tout ça pour dire qu’il est rare que je n’ai jamais entendu parler d’un auteur, d’autant plus quand il a reçu des prix, au moins de nom. Et là, John Edgard Wideman, je n’en avais jamais entendu parler. Je remercie donc Didier Eribon et son « Retour à Reims » (que je vous recommande sans réserve, mais ce n’est pas l’objet de cet article) de m’avoir permis de découvrir cet auteur.
Je ne vais pas vous faire la bio de John Edgard Wideman, on trouve tout ça sur internet (notamment cet article du New York Times Magazine). Mais il est bon de savoir que John Edgard Wideman est un Afro-Américain natif de Pittsburg, marié en premières noces (mariage mixte) et qu’il a eu 3 enfants. Un de ses frères (Robert) et un de ses fils (Jacob) sont tous deux emprisonnés pour de longues peines (à perpétuité pour son frère). Il a choisi de s’éloigner de son quartier, de son Etat, de l’histoire familiale ; il enseigne à l’université et est un auteur reconnu.
Dans son livre « Suis-je le gardien de mon frère ? », John Edgard Wideman écrit le fossé qui s’est creusé entre lui et les siens suite à ses choix de vie, ce qui les rassemble encore et ce qui les éloigne irrémédiablement. Il écrit l’appartenance et le rejet. Il écrit les fratries et le besoin d’être soi. Il écrit l’histoire de ce petit frère, sa place au sein de la famille, la successions de mauvais choix qui l’ont conduit, jour après jour, du mauvais côté de la vie. Il écrit le déterminisme familial et social, les renoncements nécessaires lorsque l’on opte pour une route différente de celle qui était pré-écrite pour nous.
Il écrit surtout la honte. Honte de ne plus se reconnaître dans ce qui nous a construit et qui n’est plus adapté à la vie qu’on a choisit. La honte de John, qui choisit l’université et une vie de notable ; la honte de Robert, qui va vers le crime et la prison. Il écrit les chemins que l’on choisit parfois juste pour être quelqu’un.