Ca parle d’amour…

Ah l’amour !… Si je devais rédiger une chronique pour chaque livre qui aborde ce thème, je n’aurai plus le temps de lire. Alors aujourd’hui, je groupe, je rattache, je simplifie : Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard, On ne meurt pas d’amour, de Géraldine Dalban-Moreynas et enfin Comme si tu étais toujours là, de Marie-Paule Belle sont au menu. 

Marie-Paule Belle, vous vous en souvenez, elle chantait par exemple « La Parisienne » (enfin moi je me souviens d’elle dans les années 70/80). Ce que je ne savais pas, c’est l’histoire d’amour qui la liée pendant des années à Françoise Mallet-Joris, écrivaine, femme de lettres comme dit Wikipédia, qui fut sa parolière aussi. Et ce livre qu’elle écrit aujourd’hui, 4 ans après la mort de Françoise, pour raconter cet amour au quotidien, qui se lit sur des cartes postales, des petits mots glissés ici et là, des paroles de chanson, des projets en commun, des maisons partagées. C’est le naturel de cet amour qui s’impose à tous (en 1970, ce n’était pas forcément évident), qui se vit sans s’afficher mais sans se cacher. C’est la profondeur du lien que je retiens, ce qui relie par-delà les absences, les années, les tournées ou les autres rencontres. C’est que qu’on retient, une fois que l’autre n’est plus là, quelle que soit la raison de son absence : Comme si tu étais toujours là

Ça raconte Sarah, c’est aussi l’histoire d’un amour entre deux femmes ; mais l’objet de l’amour, homme ou femme, c’est pas bien important. Ce qui l’est, important, c’est encore la profondeur, l’amplitude, le gigantisme de cet amour qui lui tombe dessus, à notre narratrice. La découverte du corps de l’autre, de son caractère endiablé, de sa joie, de sa tristesse, de ses moments chiants et de ses envies folles, on embarque dans un voyage à la découverte de Sarah et de l’amour qu’elle véhicule. Mais comme souvent, c’est une histoire tragique (je ne dévoile rien, Pauline Delabroy-Allard le dit elle-même dans ses interviews). Et je vous l’avoue, j’ai beaucoup moins apprécié la deuxième partie du roman. Parce que n’y ai pas senti cet accent de vérité que l’on sent au début, parce que je n’y ai pas retrouvé cet amour vrai qui est plus fait de petits riens que de grands gestes, parce qu’il m’a semblé que la fin était inventée, comme pour se sortir d’une histoire qui irait trop loin et dont on ne saurait pas quoi faire. Une pirouette, donc, que cette fin, qui m’a laissée un peu vide. Ça raconte Sarah, ça aurait demandé de la raconter jusqu’au bout, cette histoire, dont je préfère imaginer qu’elle fut réelle et que la fin, si fin il y a, a été moins grandiloquente mais plus bêtement réelle. 

Parce qu’ On ne meurt pas d’amour, nous dit Géraldine Dalban-Moreynas. Ou bien alors juste un peu, juste quelques parties de nous qui s’enfuient en même temps que cet amour perdu. Ce livre, autant le dire tout de suite, je l’ai « vécu » en même temps que je le lisais, j’ai pleuré les mêmes larmes, j’ai senti les mêmes émotions. Alors vous dire si je l’ai aimé ou pas, je ne sais pas. L’écriture m’a embarquée, l’histoire m’a émue ou énervée, ça dépend des instants, mais je l’ai dévoré en un week-end. « Cela pouvait-il finir autrement ? » comme il est écrit sur la couverture : sans doute pas, mais l’important n’est pas là. C’est plutôt la vérité des moments vécus, la passion partagée, les choix que l’ont fait ou ceux que l’on ne fait pas parce qu’on ne peut pas faire autrement, les petits bouts d’amour qu’on garde et ceux qu’on a perdus. 

« Il y a des histoires contre lesquelles on ne lutte pas » dit la 4ème de couverture de On ne meurt pas d’amour. En effet, qu’elles soient romancées ou réelles, il y a des histoires qu’on vit tout simplement.